4 Avril 2014
Parfois je prends mon téléphone
Je tente de la joindre pour papoter juste pour faire comme tout le monde
Essayer d'avoir une vraie conversation avec elle.
J'ai toujours une boule au ventre quand je sélectionne son contact.
Une montée d'angoisse quand ça sonne
Un micro soulagement quand je tombe direct sur le répondeur.
Je laisse un message :
"Bon c'est moi je voulais juste faire un petit coucou, savoir comment ça allait. On se rappelle. Bisous"
Elle ne pourra pas dire que je ne donne pas de nouvelles ou bien que je n'en prends pas.
Et une énorme boule au ventre lorsqu'elle décroche le combiné.
Mais le plus dur c'est de deviner.
Oui deviner son état en écoutant les premiers mots qu'elle prononce quand elle décroche.
Parfois avant même qu'elle ne parle, je sais.
Elle pousse comme un soupir qui me met la puce a l'oreille.
Parfois j'ai un doute et ma crainte est hélas fondée.
Mais il arrive de temps en temps que sa voix soit normale, posée, sûre et pas chevrotante.
Et la c'est le soulagement car oui j'ai eu de la chance c'est un bon moment.
Je ne peux pas dire un bon jour juste un bon moment.
Et la on parle,
De tout de rien
De mes filles
De mon frère et moi quand nous étions enfants
On a une vraie conversation
Comme une mère et sa fille
Enfin je suppose.
Car quand on est fille de femme malade alcoolique,
On ne sait pas,
On imagine,
On tatonne.
Et au final ça y est, ça ressemble à la normalité
Mais on n'oublie rien pour autant.